L’histoire commence il n’y a pas si longtemps, sur un champ agricole en friche depuis 2 ans. Nous sommes à Boitsfort, en juillet 2012. Sur ce bout de terrain de 2,5 hectares, vont germer 4 projets, réunis autour de l’envie de développer des pratiques agroécologiques. L’objectif est de montrer que cette agriculture peut être viable, facteur de changement et de liens sociaux épanouissants.
Au fil des réunions, les espaces sont définis, ainsi que les termes de nos collaborations. Vont donc cohabiter du maraichage, des plantes médicinales, un élevage de brebis laitières, et un jardin collectif. Situé le long de l’avenue des Cailles, nous appellerons ce champ le Chant des Cailles.
La première chose à faire est de tout faucher, pour préparer ensuite le sol et semer engrais verts et prairie. Curieux des techniques ancestrales, nous nous sommes adonnés avec plaisir et persévérance à l’art du maniement de la faux.
Quel plaisir d’entendre de tous côtés ces doux bruissements de la lame faisant tomber les herbes !
Et quel soulagement à la fin d’une bonne journée de pouvoir enfin s’arrêter !
Soyons honnêtes, il nous faudra encore quelques années avant de maitriser vraiment cette technique… Mais on se débrouille !
Une fois séché, le foin doit être protégé des affres de la météo. Voilà donc une belle meule qui s’érige au milieu du champ, symbole de la nouvelle dynamique qui vient s’y installer.
Et puis chacun des pôles aménage sa partie. On place des clôtures, des chemins, des espaces collectifs.
Et nous voilà nous, petits bergers tout neufs, avec notre envie d’élever des moutons, et tout à construire !
Nous avons d’abord testé les clôtures et les réactions du quartier avec des petits moutons de race très rustique, des Soay. Ils ont étrenné le champ durant tout l’hiver 2012.
Rapidement, un petit groupe de femmes formidables se sont organisées pour nous aider, et se relayaient pour surveiller le troupeau. C’est que nous on n’habitait pas tout près !
Et à vrai dire elles nous apportent beaucoup plus que ces coups de main ! Un grand merci à elles, car sans leur soutien, leurs sourires, leurs encouragements, leur enthousiasme, leurs discussions, leur thé, etc. tout cela aurait difficilement été possible !
Les résultats étant concluants, arriva dès le printemps 2013 le gros de la troupe : 10 brebis, de race Laitier belge, LA race de chez nous.
Bien sûr pas de brebis laitières sans un abri pour les jours humides !
Et pas de jours humides sans récupération d’eau pour abreuver les poilues…
D’ailleurs, il faudra aussi les tondre, une fois qu’il fera plus chaud que mouillé. Et leur tailler les ongles des pattes, tant qu’on y est à faire du sport… (mais là on n’a pas encore de photos, c’était déjà assez compliqué comme ça!!!)
Pendant ce temps, nous cherchions une deuxième parcelle à pâturer, car ces demoiselles attendront bientôt famille, et seront alors un peu serrées…
C’est ainsi que nous avons découvert le parc du Couvent Sainte Anne. Quel coup de cœur ! Deux hectares de pré-verger dans un cadre verdoyant, que demander de plus ? Des autorisations pardi !
Et comme le site est classé, il a fallu s’armer de patience et de fibre administrative.
Octobre 2013, le troupeau s’agrandit encore de compatriotes françaises, 8 Lacaunes, venues directement du Larzac refaire leur vie à Boitsfort.
Et en automne, c’est le moment, le bélier Arnold débarque sur le champ pour y faire son travail de mâle.
En attendant, nous sommes bien reçus au Couvent, et en novembre 2013 nous pouvons déjà récolter des pommes pour en faire du jus. Une cinquantaine de vieux pommiers, plantés vers 1920, de 18 variétés différentes, ça en fait du jus ! Premier chantier collectif sur le site, 200l pressés et pasteurisés à l’artisanal. Mais celui-là, on ne peut pas le vendre, alors on emmène le reste dans une presse aux normes de l’AFSCA…
Et puis, nous avons enfin reçu les permissions d’aménager les anciens box à chevaux pour y accueillir tout ce beau monde pour l’hiver.
Créer des portes, des fenêtres, des cornadis…
Beaucoup de boulot, et de poussière !
Et puis c’est le grand jour, ces messieurs dames peuvent venir occuper leur nouvelle résidence. Ils déménagent donc du champ pour venir s’installer au Couvent.
Pendaison de crémaillère.
Mmh, confortables ces cornadis !
Et puis première après-midi porte ouverte du projet pour le quartier. Les voisins semblent enthousiastes !
Entre temps, la vie a fait son œuvre, et après 5 mois de gestation gourmande, les premières naissances arrivent ! Nous sommes bien surpris de constater que les 12 premiers agneaux sont tous des agnelles ! Nous n’aurons que 5 mâles en tout sur les 21 agneaux !
Après 5 minutes ils sont debout, après 2h ils gambadent, et puis se recouchent car c’est quand même bon de dormir !
En mars, c’est aussi le mois des plantations. Grâce à l’aide de tous ceux qui ont participé à la journée collective de plantation d’arbres et de clôtures, le verger compte 22 jeunes arbres en plus.
Et la prairie est sécurisée pour les brebis et leurs petits qui piaffent d’impatience de pouvoir goûter cette herbe verte et appétissante ! Quel régal !
Mars est aussi le mois de la taille des arbres fruitiers. Il y a de quoi faire ! Nous avons donc joué au singe pour élaguer les branches mortes et aérer les arbres.
Après ce n’est pas fini, il faut encore broyer toutes ces branches !
Pendant que d’autres se la coulent douce, avec leur voisin Santos.
Bon. L’idée est donc de faire du fromage. Mais pour cela il faut une fromagerie ! Et une belle, en règle et tout.
Ce vieil atelier fera l’affaire…avec quelques aménagements !
Heureusement, une centaine de personnes nous ont aidés pour financer ces investissements, via un système de Crowdfunding. Parce que ça coute quand même dans les 10 000 € une fromagerie…
en faisant tout soi-même!
Nettoyer
Creuser des égouts
Réfléchir
Isoler le toit
De jour comme de nuit
Positiver
Isoler les fenêtres (on ne lésine pas sur l’isolation)
Isoler les murs (en ayant pensé à tous les tuyaux !)
L’électricité et l’eau (et on ne perd pas sa bonne humeur)
Faire une belle pente au sol
Devenir fou
N’oublions pas une jolie couleur framboise qui donne le sourire
Quelques meubles,
et nous voilà prêts pour commencer dès que les agneaux sont sevrés !
Et on a tous les permis !
D’ailleurs tiens, les voilà déjà au Chant des Cailles. Qu’est-ce qu’ils ont grandi !
C’est qu’ils ont quand même un mois et demi… Et déjà autonomes !
Et ça, ça veut dire qu’il faut commencer les traites, deux fois par jour, pour faire avec leur lait plein de bons petits fromages !
Dans notre uniforme hygiénique ! Ben oui, l’AFSCA contrôle…
Voilà, il ne reste plus qu’à les épicer, les affiner, et surtout les vendre !
Enfin, « plus qu’à »…nous ne sommes pas encore au bout de nos peines ! Et de nos joies !